Se réaligner avec ses voeux

7 janvier 2022

J’avais prévu de mettre à jour mon planning pro le premier lundi de l’année et de me constituer consciencieusement une to-do list rassurante et bien ficelée. Finalement, j’ai été appelée ce jour-là, non sans culpabilité, par une seule chose, aller voir le film “La panthère des neiges” au cinéma avant qu’il ne soit plus à l’affiche. J’ai eu raison de m’écouter. Je suis tombée à genoux d’amour devant ces images à couper le souffle ! J’ai vécu un coup de foudre.

Le récit qui accompagne la poésie de cette aventure est tellement juste, sobre, presque silencieux et pourtant son écho est allé si loin et si haut. Cette oeuvre a hanté mes jours et mes nuits toute la semaine (si si c’est vrai), avec cette question qui me percutait en boucle : Comment vais-je participer au monde ? Comment puis-je respecter davantage le vivant humain et non humain ? Mes voeux pour la planète sont-ils compatibles avec mes activités personnelles et professionnelles ? Pendant plusieurs jours, je ne voyais pas de portes de sortie. J’avais l’impression de sombrer heure après heure, sans savoir comment profiter de ma vulnérabilité pour réinventer mon récit de vie. J’ai fini par accepter de tout remettre en question sans la moindre nouvelle idée à la surface dans un premier temps. Heureusement hier soir, j’ai senti que la lumière revenait et ce matin, il faisait enfin soleil chez moi, il s’était réanimé avec de l’espoir et des possibilités. Je remarque de plus en plus fréquemment, qu’il ne sert à rien de faire le forcing pour que de nouvelles idées viennent à nous. Quand je sens que ça ne vient pas, que je ne sais plus par quel bout prendre les choses, que tout me semble absurde ou sans intérêt, j’ai accepté de laisser venir et d’attendre qu’elles apparaissent avec une certaine évidence (dans le sens de cohérence et non de vérité). J’ai quand même quelques astuces pour faire renaitre l’inspiration, j’en parlerai certainement à d’autres occasions.

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Ce matin, ma priorité était de me réaligner dans mon activité d’officiante de cérémonie de mariage. Au fond, quel est l’essentiel de mon métier et comment ai-je envie de le réaliser ? Nous avons l’habitude de dire “Quelles sont mes valeurs ?” mais la question n’est pas tout à fait correcte. Dire par exemple, que mes valeurs sont la bienveillance et la protection de l’environnement, on imagine le sens mais ce n’est pas juste. On ne peut pas lister des valeurs, mais on peut donner de la valeur à une idée, une chose, un terme, etc. C’était la minute “dico de l’académie française”;-) Alors comment m’exprimer ? Je crois que je vais simplement énumérer quelques points de repères avec lesquels j’ai envie de poursuivre mon voyage et je commencerai aujourd’hui par le thème des cérémonies de mariages.

Comment vivre plus en cohérence avec mon environnement humain et naturel dans mon métier de créatrice de cérémonies ?

Approfondir le concept de l’éco-responsabilité et le mettre en action.

C’est l’un des sujets qui me pousse le plus à sortir de ma zone de confort. Je suis encore très mal à l’aise pour oser en parler davantage, car les crispations que ce sujet engendre sont souvent palpables. Je n’ai pas envie de participer à un concours de pureté comme dirait Cyril Dion ou de proposer des solutions binaires, car elles sont systémiques et complexes, mais je souhaite quand même m’engager bien davantage dans des questions écologiques au sein même de mon activité (et ma vie perso bien sûr). Je souhaite en échanger avec honnêteté et calme. Un couple m’a demandé dernièrement si j’étais disponible pour venir célébrer leur mariage à plus de deux heures trente de trajet depuis mon atelier. J’ai préféré décliner car il me semble possible de développer mon activité plus localement. Ou alors, peut-être qu’une autre fois j’en profiterai pour partir en week-end en famille ? C’est un exemple assez caricatural mais je vous partagerai d’autres situations professionnelles et pourquoi pas personnelles parfois, qui viennent chahuter de plus en plus mon rapport à l’environnement dans lequel j’intègre la faune, la flore, la santé, les relations humaines, l’énergétique, etc.

Ouvrir les échanges avec des artisans du mariage, des artistes, des philosophes, des jardiniers, etc.

Je n’ai pas encore organisé de shooting d’inspiration sur le thème du mariage, parce que j’aimerais qu’il prenne de multiples dimensions, et pas seulement celle de faire de belles photos séduisantes sur insta ou sur un site, qui donneraient envie à mes clients de m’appeler. J’ai envie de créer des shootings qui racontent aussi une expérience humaine, une réflexion, un sujet autour du mariage qui nous tient à coeur, un focus sur quelques émotions, une symbolique, etc. et pourquoi pas de mettre tout cela en récit.

Demander une juste rémunération.

Je ne suis pas la.le seul.e prestataire de mariage, ni la.le. seul.e entrepreneuse.re. à avoir tendance à offrir des heures de travail en dessous du SMIC, ou même non rémunérées, ou de ne pas reporter certains frais professionnels sur mes factures (autrement dit je les payais de ma poche de peur de faire fuir le client !). J’ai revu mon modèle économique pour donner une valeur juste à mon activité professionnelle et surtout pour la pérenniser. Le métier d’officiant de cérémonie de mariage est encore assez méconnu du grand public et peu valorisé, même si les cérémonies laïques sont de plus en plus répandues. L’orchestration d’une cérémonie le jour J n’est qu’une petite partie des compétences d’un.e officiant.e. C’est évidemment la plus visible, mais pour qu’elle soit une “réussite” (ce qui est aussi à définir), un.e officiant.e (c’est aussi le cas pour une wedding-planner ou d’autres professionnels bien sûr) doit gérer de nombreuses situations en amont, avec une subtilité qui rend finalement nos réelles compétences parfois invisibles. C’est la technique de l’affût (cf. La panthère des neiges :-)

Ainsi, je vous partagerai une autre fois les différents éléments que j’ai pris en compte pour fixer mes tarifs.

Continuer d’offrir une attention de pleine présence aux couples que j’accompagne.

J’y tiens énormément. Il s’agit d’abord d’un chemin personnel pour apprendre à calmer mes pensées pour bien écouter les mariés et leurs proches, à me centrer sur l’activité en cours pour écrire, à développer ma patience et prendre le temps nécessaire avec chacun, à me reposer suffisamment pour offrir toute mon énergie le jour du mariage, à me nourrir le plus sainement possible pour garder l’esprit éveillé, à rester dans le silence pour proposer des virgules musicales plus pertinentes, à développer ma curiosité dans tous les domaines de la vie pour éviter de standardiser mon métier, à oser être moi-même dans chaque circonstance pour suggérer aux mariés et à leurs proches de l’être aussi.

Bon évidemment je vous parle comme si j’étais la sainteté le Dalaï-Lama. C’est un idéal mais il me guide, il m’aide à faire un pas de côté quotidiennement et même plusieurs fois par jour. Paradoxalement, cet idéal peut aussi se révéler dans des expériences que nous percevons comme désagréables et moins tendres. C’est ainsi. Une touche de blanc dans le noir et une touche de noir dans le blanc ! ☯️

Il y aurait bien d’autres choses à ajouter pour donner matière à réflexion dans mon activité professionnelle. C’est imparfait et suffisant pour aujourd’hui.

Voilà, les voeux sont lancés !

Accrochons-nous aux étoiles *

et pour ne pas oublier tout ça, pour ne pas oublier de me réaligner autant fois que nécessaire, pour ne jamais oublier la panthère des neiges ou l’ours polaire, il serait pertinent d’accrocher sur un mur de mon atelier, une image de Vincent Munier.

Avec le coeur,

Anne

@lamaisonlorcy

@carnetducoeur